La collaboration avec Pauline Castra, entamée en 2023 pour l’accompagnement de son nouveau projet Encore à la traîne, débute par une résidence au Musée d’Aquitaine, à Bordeaux, et se poursuivra dans le cadre d’une résidence en entreprise avec le Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA. Nous l’avons suivi lors de ses recherches et de sa quête dans les réserves d’un « trésor oublié ».
Le projet Encore à la traîne
Encore à la traîne interroge les objets relégués dans les réserves muséales – vestiges trop abîmés, fragiles ou jugés obsolètes – en leur offrant une nouvelle forme de visibilité et d’existence par la création contemporaine. À partir d’un artefact « à la traîne », choisi au sein des collections du Musée d’Aquitaine, Pauline Castra envisage la création d’une sculpture en pastel, en collaboration avec les Pastels Girault (label EPV – Entreprise du Patrimoine Vivant), qui se désagrège au fil de son déplacement dans l’espace muséal, laissant une trace de son passage. L’œuvre questionne ainsi les gestes invisibles de la conservation, le travail physique des régisseurs, et la place des corps dans l’institution. À la fois objet, trace et récit, la sculpture mettra en tension la mémoire matérielle et l’oubli organisé.
Dans les réserves
Entre février et juin 2024, l’artiste a mené un temps de résidence au Musée d’Aquitaine, avec l’appui des conservateurs·ices Anne Ziéglé et Christian Block. Elle y a exploré les réserves, consulté les inventaires, affiné sa compréhension des logiques de classement et de conservation, et mené un travail méthodologique approfondi pour identifier les objets pertinents à activer dans le cadre de sa démarche. Trois artefacts ont finalement été retenus : deux lapidaires antiques et un vestige médiéval, surnommé Le Corbeau. Ce dernier, bien qu’ayant été exposé à de nombreuses reprises et figurant dans plusieurs catalogues du musée, est aujourd’hui voué à l’effacement : affecté par une maladie pulvérulente, il ne peut plus être manipulé ni exposé, son traitement étant devenu impossible. Dans un geste à la fois artistique, documentaire et symbolique, Pauline Castra a décidé de reproduire cet objet en pastel, prolongeant sa mémoire matérielle au moment même où sa disparition est inéluctable.



Ce travail s’est poursuivi à la bibliothèque du musée, où l’artiste a approfondi la documentation autour du vestige sélectionné, croisant études historiques et réflexions poétiques. Elle y a rédigé une fiche d’inventaire alternative – entre récit fictionnel et geste critique – qui prolonge un protocole initié dans son projet précédent Us & Bitume, interrogeant les formes de narration et de hiérarchisation dans les institutions patrimoniales. Elle a également mené, au cœur des réserves, une série de gestes performatifs et d’expérimentations plastiques, documentés par le dessin et la photographie, prolongeant sa série Captures.
Scan des lapidaires
En juin 2024, les trois artefacts sélectionnés ont été numérisés par un prestataire. Un moule est tiré du vestige médiéval, première étape vers la sculpture finale. À partir d’octobre, le projet entrera dans sa phase de production, avec une résidence croisée entre les Pastels Girault – entreprise labellisée « Patrimoine Vivant » – et le Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA.



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