La vie Aquatique : Barbara Kairos

En juillet 2023, BAM projects a été sollicité par le Champ de Foire, scène conventionnée de Saint-André-de-Cubzac, pour concevoir un parcours d’éducation artistique et culturelle ambitieux. Intitulé La Vie Aquatique, ce projet était à destination de 12 classes du territoire Côteac – Grand Cubzaguais et Latitude Nord Gironde, de la maternelle au cycle 3. S’appuyant sur les univers plastiques et narratifs de trois artistes que nous avons invitées, les élèves ont partagé avec elles des moments entre réflexion autour de l’eau et ateliers de pratiques artistiques tout au long de l’année scolaire 2023-2024.

Aux cotés de l’artiste Barbara Kairos, les enfants de maternelle ont été amenés·es à explorer les propriétés de l’eau, tant par des expériences scientifiques simples, que par des ateliers de peintures à partir de techniques ancestrales.

Retour sur ces sessions et sur la restitution qui s’est menée en fin d’année.

Barbara Kairos

On retrouve dans le travail de Barbara Kairos la notion de jeu, d’enquête, d’expérimentation associés à différents champs disciplinaires et véhiculant une forme d’ironie et/ou de poésie. Par accumulation de formes aléatoires, extraction ou recollement de matières du quotidien (éponges, mousses, lichens, écorces, peaux de légumes, etc.) naissent des déclinaisons multiples, hasardeuses, et parfois d’une douce absurdité. Cette façon de faire est très similaire aux situations d’une découverte par sérendipité. Ses premières recherches de travail puisent leur origine dans la tâche et de toutes les notions qu’elle véhicule : sa forme hasardeuse et les moyens de la produire – souvent assimilée à l’erreur – puis son étude. Extraire des matières naturelles, exploiter les qualités chromatiques et tinctoriales de végétaux, de peaux de fruits et de légumes, puis par décoction et autres procédés, ces jus colorés deviennent une matière première à toute autre conception plastique.

L’aléatoire et la lenteur

Lors des premières rencontres avec Barbara Kairos, les élèves ont écouté des récits autour de l’eau et ont manipulé cet élément. L’enjeu premier étant d’en apprécier les différents aspects tels que : la compréhension que certaines choses flottent, coulent, se gonflent ou fondent. L’eau est propice à la contemplation comme à la rêverie, un terrain favorable à l’imagination qui passe par l’expérimentation et l’étude de différentes immersions. Ainsi, dès la deuxième séance, chaque enfant devait apporter des objets en vue de les éprouver. Bouchons en liège, cailloux, écorces de fruits, petits bâtons, sable, etc – complétés par la fabrication de glaçons colorés à l’encre – ont été plongés dans l’eau, pour en saisir les phénomènes aquatiques.

La deuxième phase du projet consistait, quant à elle, à expérimenter une technique d’impression textile ancestrale africaine, originaire du Mali, qui utilise l’eau dans son processus : le Bogolan. Une technique lente (application, séchage et rinçage) à partir de terre humide ferreuse, appliquée sur du tissus. Ici aussi, l’immersion dans des jus colorés et tanniques a permis aux élèves d’observer les réactions et les formes produites. De ces formes, sont nées des créatures imaginaires soulignées au POSCA.

La Vie Aquatique s’est finalisée par une restitution au sein de l’école, prenant la forme d’une exposition et valorisant les peintures sur tissus des enfants. À travers ce parcours, nous avons pu mettre en avant notre volonté de proposer une médiation artistique exigeante et contextuelle, au croisement de la création contemporaine, de l’expérience sensible et de la pédagogie active.