Rencontres artistiques des derniers mois

Sophie mouron

« Sophie Mouron est diplômée en Arts plastiques depuis 1989. Par la photographie, la vidéo, le son ou des interventions dans l’espace, Sophie Mouron cultive sans relâche le « hors-champ », le « à peine, l’entre-deux, l’infinitésimal, la brèche. Elle accorde la même attention à ce qui se voit (ou s’entend) et à ce qui ne se voit pas (ou pas encore), comme une promesse, ou ce qui ne se voit plus, ne laissant qu’une trace, sinon un souvenir, une absence.

Ses propositions artistiques traitent du temps qui passe, soulignent des passages, comme les signes de possibles, plutôt que des états et interrogent notre rapport à ce qui nous environne. Ces oeuvres invitent à guetter et à observer la fragilité des choses, leur incertitude, leur furtivité, leur magie. C’est en déambulant quotidiennement, dans toutes sortes d’environnements, des territoires familiers au paysages ordinaires, qu’émergent ses travaux. Sophie Mouron capte, enregistre, multiplie sans en changer l’essence, la beauté sinon la lenteur de ce qui l’entoure. Certaines de ses créations sont régies par des protocoles – et parfois selon des processus mathématiques – notamment les séries photographiques. Des protocoles toutefois qui, supposés déterminer et donner la mesure de la réalité à l’œuvre, sont le plus souvent illusoires, à l’issue hasardeuse, vains ou absurdes. Ce sont autant de prétextes à interroger la façon dont nous nous saisissons du monde et l’organisons, à commencer par les paramètres élémentaires et fondamentaux que sont l’espace et le temps.

Nous l’avons rencontré à son atelier de Lormont, dans les nouveaux ateliers partagés de Panoramas.

VISITE AVEC Ivan Lassere

Ivan Lassere est un artiste peintre franco-canadien. Il étudie les Arts plastiques à Bordeaux puis au Bradford College en Angleterre et obtient une maîtrise en arts visuels et médiatiques à l’Université du Québec (Montréal). Les œuvres d’Ivan Lassere développent un langage qui touche à l’architecture, à la géométrie mais aussi à l’abstraction. Formes archétypales et reliquats de dessins techniques jouent de la surface des toiles, ne tendant ni vers la passion, ni vers l’aridité minimaliste. Le langage pictural d’Ivan Lassere accueille à sa manière, l’impermanence du monde et des évènements.

L’artiste cultive la simplicité des formes et des procédés, nous invitant à nous rappeler que l’on peut réaliser beaucoup à partir de peu. Dans une logique d’autonomie, de conscience des matériaux et des processus de production, la pratique d’Ivan Lassere révèle la noblesse intrinsèque des matériaux composant les œuvres et propose des espaces de silence plutôt que des images.

Il peint tantôt à l’huile tantôt à la gouache selon la série, sur des châssis en bois brut. La peinture à l’huile appliquée en une seule couche se développe en aplats monochromes dans une gamme de teintes désaturées jouant à disparaître dans la couleur de la toile de coton brute. La gouache, quant à elle, est l’occasion d’une exploration formelle et spatiale, une galerie de formes géométriques simples aux couleurs vives et mates véhiculent une sorte de joie suprématiste.

Nous sommes allées à sa rencontre à Bordeaux, à l’espace Continuum.

LYSE FOURNIER

Lyse Fournier est diplômée de l’École suppérieure d’art et de design des Pyrénées (Tarbes). Son approche de la photographie est picturale, jouant de sa propre perception. Le paysage est omniprésent dans les recherches et travaux de Lyse Fournier, entre fascination et vertige du regard face à une réalité qui parfois nous dépasse. Ce moment où la mémoire et la sensation des choses se mélangent pour basculer du réel à la fiction.

En considérant donc son environnement, dans une perception autant multisensorielle qu’imagière, l’artiste observe les couleurs, les textures, ressent les brises, capte les sons et les lumières ; tous ces éléments intangibles qui participent à la sensation de nature et se transforment peu à peu en souvenir. Les mises en scène qui en découlent prennent la forme de récits sculpturaux, mêlant photographies numériques et volumes (en métal, en verre, en miroir) – des matériaux capables naturellement de créer des reflets, des irisations et des diffractions. Se dégage alors une atmosphère paysagère et poétique, un voyage temporel et sensible rejouant dans des mises en scène une approche picturale et nuancée de l’image.

Nous l’avons rencontrée à l’atelier collectif La Réserve-Bienvenue.